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Groupe scolaire Mamadou Diarra 2 de Médina Coura : Les élèves en manque de kits de lavage des mains

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Groupe scolaire Mamadou Diarra 2 de Médina Coura : Les élèves en manque de kits de lavage des mains

L’hygiène en général et celle des mains en particulier est une arme très efficace contre les maladies diarrhéiques, infectieuses, respiratoires et la covid 19. Cependant, en cette période marqué par la maladie à coronavirus, les élèves et les enseignants Groupe scolaire Mamadou Diarra 2 de Médina Coura sont en manque de kits de lavage de mains.

Il est 14 heures ce mardi 14 décembre 2021 au Groupe scolaire Mamadou Diarra 2 de Médina Coura. Les cours de l’après-midi vont bientôt commencer à 15h00. Les élèves commencent à affluer dans la cour. Cependant, en cette période de covid 19, aucun élève ne porte le masque. A la porte d’entrée principale de l’école, il n’existe aucun dispositif qui permet aux écoliers de se laver les mains. Dans la cour et devant les salles de classe, c’est le même constat, pas de kits de lavage des mains. Il existe seulement un seul kit dans la cour qui attire les attentions et cela est placé devant la direction. Mais, ce seul kit crasseux est hors usage et laissé à la merci du soleil.
Comme tous les élèves, Haidizatou Diop, élève en 7è année, est venue et est rentrée dans sa classe sans masque et sans se laver les mains. Elève brillante, elle est consciente du risque lié au manque d’hygiène des mains en cette période de covid 19 où de nouveaux variants apparaissent comme des champignons à travers le monde. « L’année dernière lorsque je faisais la 6è année, on se lavait les mains tous les jours avant de rentrer en classe. Mais cette année, personne ne le fait. Pour cause, il n’y a pas de kits de lavage des mains », témoigne la demoiselle. Pourtant, dit-elle, le lavage des mains pourrait nous protéger contre la covid, la diarrhée ainsi que d’autres maladies infectieuses et respiratoires. Au nombre de 67 dans une même classe, donc difficile de respecter la mesure de distanciation physique Hadizatou Diop a lancé un cri de cœur aux autorités et aux bonnes volontés de leur secourir avec des kits du lavage des mains et des masques en cette période de covid.

Mieux, Abdoul Kader Traoré, directeur coordinateur du Groupe scolaire Mamadou Diarra 2 de Médina Coura qui compte 2 265 élèves et 63 enseignants, appuie les propos de la jeune fille. Selon le directeur, il y avait un comité de surveillance dans chaque classe de l’école l’année dernière. A ses dires, ce comité veillait à ce que tous les élèves se lavent les mains avant de rentrer en classe. Mais cette année, toutes ces mesures sont foulées au pied. Le directeur Traoré explique pourquoi.
« Depuis le début de cette année scolaire, nous n’avons reçu aucun kit de lavage des mains encore moins de masques contrairement à l’année dernière où toutes les directions du groupe scolaire ont été dotées d’un kit de lavage des mains et il y avait un kit pour deux classes » déplore le directeur. Cependant, il a indiqué que les kits de l’année dernière sont en stockage à l’école. Mais, il indique en plus, que l’école manque d’eau. Les bornes fontaines de la Somagep sont insuffisantes et le château de l’école est en panne, se plaint l’administrateur. Il a également indiqué un déficit de fonds à l’établissement. Selon ses mots, le fonds ARDAS octroyé aux établissements scolaires par l’Ambassade des Etats Unis qui sert à entretenir les salles, réparer les bancs, acheter des craies et du savon pour l’école est bloqué par un Maire de la Commune II. Du coup, d’après le directeur, l’école n’est plus en mesure d’approvisionner l’école en savon.

Les efforts insuffisants du Gouvernement

Par ailleurs, les élèves du groupe scolaire Mamadou Diarra de Médina Coura ne sont pas les seules à manquer de kits de lavage des mains au Mali et dans le monde dans ce contexte de covid. En effet, selon l’enquête démographique et de Santé (EDS VI 2018), 31% de la population malienne ne disposent pas d’endroit pour se laver les mains et pour l’OMS, 40% de la population mondiale ne disposent pas d’installations de lavage des mains à domicile. Toujours selon les chiffres de l’OMS, 43% des centres de santé dans le monde ne disposent pas d’un point de lavage des mains avec de l’eau et du savon et au Mali, c’est un centre de santé sur deux qui n’en dispose pas. Malgré ces chiffres alarments, l’hygiène semble ne pas être une priorité pour les autorités maliennes. Cela est visible dans le financement accordé à ce sous-secteur. Logée au département de la Santé, l’hygiène n’a même pas une ligne budgétaire. Elle est associée aux maladies non transmissibles. Les deux ne reçoivent que 1% du budget du département qui à son tour n’obtient qu’environs 3% du budget national. De plus, selon le sous-directeur de l’Hygiène Publique et salubrité au niveau de la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique (DGSHP), Moussa Ag Hamma, le Mali ne dispose plus de document de politique d’hygiène depuis 2014. A cette année, le document de politique élaboré dans les années 90 a été révisée en politique nationale de santé environnementale. Face à la pandémie de covid, le sous-directeur a souligné que les autorités sanitaires ont pris beaucoup de mesures dont entre autres la promotion du lavage des mains au savons. Mais, pour lui, ces mesures n’ont pas concerné les établissements scolaires, elles n’ont concerné que les établissements de santé qui ont été dotés des kits de lavage des mains, des détergents etc. Concernant la promotion de l’hygiène dans les établissements scolaires, Moussa Ag Hamma a indiqué que celle-ci revient aux services en charge de l’éducation auxquels la DGSHP apporte un appui technique en termes d’élaboration de plans, de modules de formation ou formation des enseignants sur l’hygiène en milieu scolaire. Pour mieux comprendre l’attitude des autorités scolaires, connaître les mesures prises par celles-ci pour promouvoir l’hygiène dans les établissements scolaires et protéger les élèves contre la pandémie, nous avons approché l’Académie de la Rive gauche. Mais, la directrice de l’Académie n’a pas voulu répondre à notre sollicitation.

La nécessité d’agir

Or, avec un peu plus d’efforts, les autorités maliennes auraient pu gagner la bataille de la lutte contre la covid et éviter les conséquences désastreuses liées à l’absence d’hygiène. Des études ont démontré qu’en se lavant les mains au savon, on réduit la charge microbienne de plus de 90 % d’où son importance dans la prévention des maladies infectieuses telles que la Covid-19, les infections de la peau, certaines infections bactériennes, virales et parasitaires, la maladie à virus Ebola, la grippe, les fièvres hémorragiques, la poliomyélite, le trachome et les infections respiratoires aiguës. Selon l’OMS, l’hygiène des mains est l’une des mesures les plus importantes qui peuvent réduire considérablement le fardeau des maladies infectieuses et de la septicémie sur le système de santé. Ce fardeau représente, selon des études, la moitié des dépenses de santé globales dans les pays à faible revenu. Et plus, 40 % de ces dépenses, selon la même source, sont des dépenses engagées par les personnes qui cherchent à obtenir des soins de santé. A cela s’ajoute la perte de revenu due à la maladie ou aux services aux malades.
Aussi, des chiffres avancés par l’OMS montrent qu’environ un demi-million de personnes meurent chaque année de diarrhées ou d’infections respiratoires aiguës qui auraient pu être évitées avec une bonne hygiène des mains. Alors, les autorités maliennes sont plus qu’interpelées. Elles doivent agir pour protéger les écoliers qui sont l’avenir du pays. Malgré la crise sécuritaire qui impacte négativement l’économie nationale, les plus hautes autorités peuvent mieux faire face à la crise sanitaire en renforçant les mesures d’hygiène. Le Groupe scolaire Mamadou Diarra de Médina Coura ne constitue qu’un cas parmi des milliers.

Yacouba Traoré

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