ACCES AUX TOILETTES : Le Mali encore loin de l’ODD 6
Dans le cadre de la célébration de la Journée Mondiale des toilettes, le Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable, en partenariat avec WaterAid et la société civile, a organisé une conférence de presse le vendredi 17 novembre 2023 à l’hôtel de l’Amitié. L’objectif de cette conférence est d’interpeller les différents acteurs, à mettre le bouchon double en vue d’accélérer l’accès de tous aux services d’hygiène de qualité.
Cette année, pour la célébration de cette journée, le thème retenu au niveau international est : « Accélérer le changement ». Il met l’accent sur l’urgence d’accélérer les progrès pour l’atteinte de l’Objectif du Développement Durable (ODD) N°6 qui vise à « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau».
Ainsi, pour attirer davantage l’attention des uns et des autres, une conférence de presse animée par le Directeur National de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et des Nuisances (DNACPN) a eu lieu à l’hôtel de l’Amitié. Il était accompagné par les autres acteurs du domaine notamment l’organisation mondiale de la santé (OMS), WaterAid et la plateforme de la société civile, CN-CIEPA wash.
Dans leurs interventions, les conférenciers ont déploré le rythme assez lent qui incarne ll’accès de tous aux toilettes de qualité. Selon la DNACPN, au rythme actuel, le monde est encore loin d’atteindre cet objectif. Actuellement, environ 60% de la population mondiale, soit 4,2 milliards de personnes, n’ont pas de toilettes à la maison ou disposent de toilettes qui ne permettent pas une gestion hygiénique des excrétas. Et dans le monde, 673 millions de personnes pratiquent la défecation en plein air. En 2022, 70% de la population africaine n’avaient pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité selon le rapport conjoint OMS/UNICEF.
« Au Mali, seulement 45 % de la population dispose d’un service de base d’assainissement, soit environ 10 125 000 de personnes, et la défécation à l’air libre est pratiquée par 5% de la population, soit environ 1 125 000 de personnes », explique Niarga Oulé Dembélé, directeur National de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et des Nuisances.
Pour l’OMS, le manque d’assainissement constitue un facteur de risque important pour la santé publique. Il affecte en priorité les populations pauvres, marginalisées et vulnérables. « Chaque jour dans le monde, 1 000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies liées aux matières fécales », déplore le représentant de l’OMS, Sory Ibrahim Bouaré.
La société civile quant à elle salue l’État pour son engagement même si elle déplore le gros retard accusé. « Pour nous, l’État Malien est à saluer pour tous ses efforts notamment pour avoir institué dans la Constitution, l’eau et l’assainissement comme étant des droit fondamentaux. Cependant, nous pensons que l’État est resté beaucoup trop lent dans la mise en œuvre de certaines propositions et recommandations », estime Oumane Kida.
Ali Sow de WaterAid, met beaucoup plus l’accent sur l’accélération car selon lui, on est engagé pour la cause depuis maintement sept ans. « Donc, oui au changement mais surtout un changement accéléré. Il faut aussi innover. Qu’il soit sur le plan politique, financement et même de sensibilisation. C’est l’occasion d’appeler les dirigeants à accélérer les progrès pour l’accès universel à l’assainissement. L’accès aux toilettes est un droit, mais leur entretien est aussi le devoir de chacun », martèle t-il.
Amadou Kodio