La CEDEAO est elle une institution du peuple ?

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La CEDEAO est elle une institution du peuple ?

La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), au moment de sa création, le 28 mai 1975 à Lagos au Nigeria, s’était donné pour mission principale de promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une union économique ouest africaine en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les États membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain. À ses objectifs initiaux essentiellement économiques, la CÉDÉAO a, par la suite pris en charge les questions politiques . Ainsi, en 1990, il a été mis sur pied une force de maintien de la paix ( ECOMOG) suite aux différents conflits survenus dans la sous région.
Au regard de ces objectifs, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest est elle dans la perspective de poursuivre ses missions initiales ? Ne les a t-elle pas oubliées ? Quelle est aujourd’hui l’objectif réel de la CEDEAO ? Voilà autant de questions qu’il faudra apporter des réponses pour comprendre le mieux les aspirations profondes de cette institution caractérisée par sa duplicité.

Quel bilan pour la CEDEAO ?

Pour débattre ce sujet, nous sommes amenés à faire recours à l’histoire de la Cédéao pour savoir les résultats qu’elle a enregistrés dans le développement économique de ses états membres ou ceux obtenus dans la gestion des conflits. À ces deux niveaux le bilan est catastrophique. Aucun résultat probant n’a été enregistré ni sur le plan économique, encore moins sur le plan gestion des conflits. La diversité des monnaies entrave non seulement les échanges intra communautaires , mais aussi le processus d’intégration sous régionale. La CEDEAO n’a pas eu la volonté politique de créer sa propre monnaie. Les infrastructures de communication et de télécommunication dans la sous-région sont insuffisantes, vétustes et inadaptées malgré les fonds mis à sa disposition pour améliorer significativement ces infrastructures. À ces difficultés s’ajoute le faible niveau d’échanges intracommunautaires.
Quant à la Gestion des Conflits, la CÉDÉAO n’est pas parvenue à éviter les troubles socio-politiques liés aux coups d’état, aux élections et modifications constitutionnelles anti-démocratique qui affaiblissent les efforts d’intégration de l’institution. Elle n’arrive pas à faire baisser les tensions inter-étatisues perturbant les programmes d’intégration régionale. Elle n’est même pas parvenue à lutter contre la montée en puissance des mouvements terroristes et la criminalité transfrontalière, deux fléaux qui empêchent les efforts d’intégration politique et économique au sein de son espace géographique.

La CEDEAO n’a t-elle pas les moyens de sa politique ?

Selon un adage populaire : << avec du courage, de la conviction, on vient à bout de tout >>. Cet adage doit faire école dans l’esprit de nos décideurs politiques, ceux-là qui ont la chance aujourd’hui de prendre en charge les destinées de nos nations. Pour relever les défis de l’intégration économique et politique des pays membres de la CÉDÉAO, tous les atouts sont là pour les vaincre : la Cedeao est une vaste région aux immenses potentialités naturelles. Le sous-sol est riche en ressources minières (phosphate, fer, bauxite, manganèse, or, diamant, nickel, uranium…) et en hydrocarbures (pétrole et gaz naturel). La diversité climatique favorise une grande variété de sols, propices à de nombreuses cultures agricoles (Cacao, café, coton, arachide, hévéa, riz, palmier à huile, féculents, céréales, cultures maraîchères et fruitières etc.).

La couverture forestière, estime à plus de 70 millions d’hectares est un véritable atout pour les activités sylvicoles. La Cedeao dispose aussi de vastes superficies propices aux activités pastorales surtout dans les pays sahéliens comme le Mali et le Niger. Les ressources en eaux continentales abondantes sont des atouts pour les activités de pêche, de transport, de production d’hydroélectricité, d’irrigation, de tourisme etc. La longue façade maritime sur l’océan Atlantique favorise aussi les activités portuaires, touristiques, halieutiques et d’exploitation d’hydrocarbures. La situation géographique de l’espace Cedeao offre d’importantes surfaces pour la production d’énergie photovoltaïque.

Enfin, la population de cet espace, estimée à plus de 300 millions d’habitants est un vaste réservoir de main-d’œuvre mais aussi un grand marché de consommation. La diversité ethnique et culturelle est également un véritable atout touristique dont bénéficie l’espace. Avec tous ces atouts , l’espace Cédéao devrait être l’eldorado de la 3ème planète du système solaire: la terre.

CAUSES QUI AFFAIBLISSENT LA CÉDÉAO.

La perte de crédibilité de l’organisation régionale réside essentielement dans le fait que plusieurs gouvernants, ayant fait dévier leur pays sur des voies démocratiques , modifiant la constitution pour s’éterniser au pouvoir, continuent à siéger dans les instances de la Cedeao. De la même façon, la Cedeao ne peut jamais gagner le respect des populations et s’ériger en tant que structure démocratique et pourvoyeuse de
progrès social sans être représentée par des dirigeants prônant les idées démocratiques et de liberté.
Si l’organisation régionale affirme avoir opéré une transition vers une Cedeao des peuples
au cours des dernières années, le sentiment général au sein des populations ouest africaines demeure en décalage face à cette perception. Pour plusieurs citoyens d’Afrique
de l’Ouest, la Cedeao est désormais réduite à une simple organisation des chefs d’État qu’une représentation des
peuples. C’est ce qui explique que même si le coup d’État n’apporte jamais une réponse effective à un malaise ou à une crise politique, il est tout de même appuyé par une grande partie de la population.
La CEDEAO est devenue surtout un virus qui s’attaque à ses populations en les privant de nourriture, d’eau, en gelant leur avoir et en réduisant leur mobilité au nom de la restauration de l’ordre constitutionnel, un ordre constitutionnel pourtant violé par certains chefs d’état de l’institution régionale. Au lieu des sanctions contre ceux-ci , non, ces derniers sont tout simplement ovationnés .

C’est pour dire que la trahison du serment est synonyme de déclin . La CEDEAO est véritablement à la fin de son apogée.

Noumballa Camara

leveilinfo.net

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