Mali : La mort d’un « Hogon honoris causa »
Quel homme !
Quelle simplicité !
Quelle humilité !
Quelle intégrité !
Un esprit viscéralement abonné aux observances morales vient de s’éteindre au Mali.
Parti, comme il a vécu, en toute discrétion, sans crier gare.
Ancien Président de la Haute Cour de justice de l’Uemoa, Daniel Amaguin Tessougué était un magistrat admirable, respectable et respecté de tous pour ce qu’il fut au Mali et fit pour le Mali.
À juste raison, droit était le qualificatif qui lui collait singulièrement à la peau.
Homme de droit, il avait consacré toute sa vie et son parcours à la droiture.
Au propre comme au figuré, sa rectitude était inaltérable et sa dignité immaculée.
Sous le soleil et la pluie, il restera aussi droit que sa longue silhouette.
Modèle achevé d’un serviteur dévoué de l’Etat, il fut surtout un défenseur irréductible de la vérité au service de la justice sociale.
Magistrat hors norme, Daniel Amaguin Tessougué était connu et reconnu pour son sens élevé de l’éthique et son intégrité à toute épreuve.
Il est vrai que, par dépit, Me Fanta Sylla, première femme avocate et présidente du barreau malien( 1998-2004) avait jeté un pavé dans la marre de la justice malienne lors de la rentrée judiciaire en 2004.
Alors ministre de la justice, la brillante avocate avait en peu de mots peint la justice malienne en trop de maux: « les juges maliens sont indépendants de tout sauf de l’argent sale ».
Daniel Tessougué n’en faisait pas partie.
Au contraire, en cette ère marquée par l’usure de la morale d’Etat, il a su hisser et maintenir la barre de l’intégrité si haut plus qu’aucun autre homme de sa génération.
Ni les pressions politiques et sociales ni les espèces sonnantes et trébuchantes n’ont réussi à faire trébucher cet homme qui a vécu une vie de dignité.
Nos chemins se sont croisés un jour de 2012 alors qu’il était Procureur Général près la Cour d’appel de Bamako.
Pendant plus de deux heures nos échanges ont porté sur « l’éthique aujourd’hui » pour rependre le titre d’une conférence inaugurale de Keba Baye, un autre juge émérite du Sénégal.
J’ai été profondément séduit par les qualités intellectuelles et morales de ce magistrat exceptionnel.
Pendant sa longue et riche carrière, il a servi, avec dévouement et honnêteté, le Mali sans attendre des lauriers.
Sa disparition est une immense perte pour le Mali et l’Afrique.
La nation malienne rendra, ce jeudi au Palais des sports à partir de 15h, un dernier hommage à l’illustre disparu.
Enfin, nous l’accompagnerons à sa dernière demeure au cimetière de Bamako Coura.
Ma compassion à sa veuve et aux quatre enfants inconsolables.
Ce qui compte disait Lincoln: « ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie. C’est la vie qu’il y a eu dans les années ». Ta vie fut utile dans les années.
Les falaises de Bandiagara te pleurent !
Dors en paix mon GRAND !
Abdoulaye Barry, journaliste