Malnutrition à Diomatene : Amadecom et la population main dans la main pour éradiquer le fléau
Selon l’Unicef, près de la moitié des décès d’enfants de moins de 5 ans au Mali sont liés à la malnutrition. La région de Sikasso fait partie des zones les plus touchées par la malnutrition. Dans la Commune rurale de Diomatene à 12 km de Sikasso, l’ONG Amadecom (association malienne pour le développement communautaire) et la communauté locale se sont donné les mains pour endiguer le fléau. C’est le constat fait par l’équipe de reportage du réseau des journalistes pour l’eau potable et l’assainissement (RJEPA).
La malnutrition expose les enfants à un risque beaucoup plus élevé de décès et de maladies graves, en particulier liées à des infections infantiles courantes, telles que la pneumonie, la diarrhée, le paludisme, le VIH/SIDA et la rougeole, en raison de l’affaiblissement du système de défense immunitaire lié à la malnutrition. Selon les chiffres officiels, la malnutrition chronique, ou retard de croissance, touche plus de 26% des enfants au Mali. Le retard de croissance a des effets à long terme sur le développement physique et cognitif de l’enfant, l’expose aux maladies courantes et entrave sa performance scolaire. D’après l’Unicef, le Mali a également l’un des taux les plus élevés de malnutrition aiguë au monde, et la malnutrition aiguë sévère – la forme la plus mortelle de malnutrition – touche un peu moins de 2% des enfants : plus de 160 000 enfants de moins de 5 ans vont avoir besoin d’un traitement en 2021. Parmi ces enfants figurent ceux de la Commune rurale de Diomatene. « La malnutrition est une réalité dans notre aire de santé », affirme Kader Sangaré, Directeur technique du CSCOM de Diomatene.
C’est dans ce contexte que l’ONG Amadecom a atterri avec le programme Right2Grow à Diomatene pour aider la communauté à éradiquer le fléau de la malnutrition. « Notre premier combat a été d’éradiquer la malnutrition dans notre commune. L’arrivée du programme Right2Grow nous a beaucoup aidés dans ce combat. Le programme nous a outillés suffisamment pour que nous puissions mieux sensibiliser la population sur le fléau », a indiqué Mme Sanogo Kadidiata Coulibaly, Maire de Diomatene. Selon elle, pour gagner le combat, il faut bien former les femmes sur la transformation des produits locaux. C’est ce qu’a fait Right2Grow, d’après les témoignages des femmes de Diomatene.
« Le programme nous a formés sur les techniques de préparation de bouillie à haute valeur nutritive. Depuis cette formation, nous préparons la bouillie aux enfants au CSCOM avec la farine que le programme nous a apporté. Avant l’arrivée du programme, nous préparions nos bouillies à base de maïs écrasé en petite graine. Ce qui n’avait pas assez de valeurs nutritives. Mais, le programme nous a appris à transformer notre maïs en farine à haute valeur nutritive. Nous voyons aujourd’hui l’impact de ces bouillies surtout sur les enfants malnutris », témoigne Minata Ouattara, présidente de l’association Dunkafa.
« Nous avons tiré beaucoup de bénéfices dans la collaboration avec Amadecom. L’ONG nous a beaucoup aidés dans la lutte contre la malnutrition des enfants. Elle nous a formés aux techniques de lutte contre la malnutrition. Ce qui nous permet aujourd’hui d’organiser des causeries pour sensibiliser les autres femmes ainsi que les hommes du village », renchérit Chata Ouattara, habitante de Diomatene et secrétaire général de l’association Yelen Koura. « Actuellement, la manière dont les femmes s’occupaient des enfants s’est beaucoup améliorée. Elles maitrisent les bonnes techniques d’allaitement des enfants. Aussi, Amadecom nous a formés aux activités génératrices de revenus », a-t-elle ajouté.
Pour sa part, Bakary Bengaly de la coopérative Djiguifa a déclaré que l’arrivée de Right2Grow a changé beaucoup de choses à Diomatene. « Grâce aux sensibilisations du programme, la manière dont les femmes donnaient à manger aux enfants a beaucoup changé. Si les femmes pensaient que remplir l’assiette de l’enfant est synonyme de bonne alimentation, aujourd’hui cette perception a changé avec l’arrivée de Right2Grow. Elles ont compris que c’est plutôt une question de qualité et de méthode que de quantité », a précisé M. Bengaly.
Par ailleurs, Mme Konaté Fatoumata Ouattara, présidente de l’Asaco de Diomatene, a souligné que Diomatene compte beaucoup d’enfants malnutris bien que la commune ait des terres fertiles. Pour elle, cela est dû aux activités de maraîchage que les femmes de la commune pratiquent. Si ces activités commencent, dit-elle, les femmes laissent les enfants derrières elles à la maison. Du coup, poursuit Mme Konaté, les enfants n’ont pas accès aux nutriments nécessaires à leur croissance. Les enfants ont même du mal à bien téter pendant cette période, a-t-elle déploré.
En outre, Kader Sangaré, Directeur technique du CSCOM de Diomatene, a tenu à souligner certaines difficultés dont ils font face dans la lutte contre la malnutrition à Diomatene. « Nous fournissons beaucoup d’effort pour endiguer le fléau. Chaque mardi, nous faisons la prise en charge des enfants souffrants de la malnutrition aiguë sévère (MAS) ici au CSCOM. En plus dans chacun de nos villages, il y a des regroupements de femmes qui mènent des activités de prévention de la malnutrition. Toutefois, nous ne disposons pas de moyens pour la prise en charge des enfants souffrants de la malnutrition aiguë modérée (MAM). Pourtant, les enfants qui souffrent du MAM doivent être pris en charge pour éviter qu’ils ne tombent dans la MAS. Mais, il arrive très souvent qu’on dépiste des enfants dans la MAM et qui finissent dans la MAS parce que nous n’avons pas de moyens de les empêcher. Faute d’intrants pour les enfants souffrant de la MAM, nous ne pouvons que conseiller les mamans de ces enfants », a alerté le DTC. Aussi, il a ajouté que les GSAN manquent de moyens pour faire régulièrement des démonstrations à la population.
Yacouba Traoré