Assainissement : le financement en deçà des besoins !
L’ONG internationale Water Aid, en collaboration avec l’ONG AMSBIF, a commandité une étude d’analyse sur la part du budget de l’Etat accordé au sous-secteur assainissement pendant la période 2017-2018-2019. La conclusion est sans appel. Le financement de l’Etat est largement en dessous du besoin.
Aujourd’hui, nul n’a besoin d’étude pour se rendre compte du degré d’insalubrité à Bamako. La population cohabite avec les déchets, qu’ils soient solide ou liquide. Même les quartiers les plus chic ne sont pas épargnés. Tout comme Bamako, les capitales régionales font face à la problématique d’insalubrité. Le cas de Mopti où le fleuve Niger se bat contre les déchets est un exemple parmi tant d’autres. Officiellement le taux d’accès à l’assainissement est de 35%. C’est dans ce contexte que Water Aid, en collaboration avec AMASBIF, a commandité une étude d’analyse de la part du budget national alloué au sous-secteur assainissement pendant la période allant de 2017 à 2019.
Selon les résultats de cette étude réalisée par le consultant Mahamane M’Barakou, la part du budget national alloué au secteur eau, hygiène et assainissement a certes augmenté, mais elle reste insuffisante. En effet, l’analyse montre que ce budget a augmenté de 1,27% en 2017 à 3,52% en 2019. Si le budget global du secteur a connu une augmentation considérable, celui du sous-secteur assainissement n’a connu qu’une légère augmentation. Selon les résultats de l’analyse, le montant total du budget alloué au sous-secteur est passé de 8,64 milliards de FCFA en 2017 à 8,74 milliards de FCFA en 2019, soit une progression de 1,7%. En plus, l’analyse montre que sur ce montant accordé au sous-secteur assainissement, 62% sont destinés au fonctionnement des institutions contre 37,5% consacrés aux ouvrages d’assainissement solide et liquide. Aussi, l’étude révèle que 26% du budget du sous-secteur sont concentrés à Bamako alors que certaines régions comme Tombouctou, Kidal, Taoudéni se retrouvent avec seulement 1%.
Par ailleurs, l’étude a mis un accent sur le financement de l’assainissement en Commune VI du District de Bamako. Il ressort que 32% du budget de la commune sont accordés à l’assainissement.
Avec ces résultats, notre pays est loin de l’atteinte des objectif SWA et de l’ODD6. Les objectifs SWA visent l’allocation de 0,2% du PIB à l’assainissement d’ici 2030. Or, le taux actuel n’est qu’à 0,05%. Tandis que l’ODD6 vise l’accès universel à l’assainissement d’ici 2030.
Cependant, à croire Mahamadou Kéita de Water Aid, les résultats de cette étude leur serviront d’évidences pour faire des plaidoyers en faveur de l’augmentation du budget alloué à l’assainissement.
Yacouba Traoré