Présidence de la transition au Mali : ce qu’en pense Dr Laya Amadou GUINDO
Lisez plutôt son analyse.
Présidence de la transition au Mali
Les Maliens, de tous les bords, sont tenus de s’entendre pour la conduite à tenir durant la transition.
Cette conduite doit s’inscrire dans la réalité des nations de la région notamment la CEDEAO. En effet le Mali ne doit et ne peut pas se mettre en marge du concert des Nations. Aucun chauvinisme ne doit nous pousser à avoir des prétentions à faire cavalier seul, surtout en ces moments de difficultés et d’incertitudes. Nous gagnerons à composer intelligemment avec les autres pour pouvoir nous tirer d’affaire. Ceci n’est nullement une faiblesse.
Le Mali, malheureusement ne fait pas partie des États forts économiquement même dans la zone UEMOA, à plus forte raison dans l’espace CEDEAO. Les États qui tiennent le haut du pavé dans l’UEMOA sont la Côte d’Ivoire et le Sénégal avec près de 60% de la masse monétaire au PIB. Quant à la CEDEAO, la puissance économique de l’Afrique s’y trouve en l’occurrence du Nigeria, suivi par le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
Cette faiblesse conjuguée à la crise sociopolitique du moment rend le Mali beaucoup plus vulnérable encore. L’embargo vient empirer cette situation. Bien qu’il n’existe pas de lien hiérarchique directe entre la CEDEAO et l’UEMOA, force est de constater que tous les États membres de l’UEMOA sont membres de l’autre regroupement; ce qui revient à dire que les deux blocs ne se contredisent pas mais plutôt se soutiennent mutuellement dans des situations pareilles.
En ce sens, les sanctions édictées par la CEDEAO ne peuvent qu’être entérinées par l’UEMOA.
Quant aux détracteurs du Franc CFA, je les invite au réalisme en jetant un regard rétrospectif sur notre histoire économique. En effet, ce que j’appelle « la première rébellion économique » du Mali s’est soldée par un fiasco. Et il a fallu 22 ans de négociations rudes pour que le Mali rejoigne la zone CFA. Et ce, dans un état de détresse économique prononcé marqué par un endettement qui continue de nous causer beaucoup de torts aujourd’hui. Même certains de nos illustres devanciers, révolutionnaires invétérés, ont su éviter le piège économique, allusion faite à Thomas SANKARA.
Alors faisons attention et ne commettons pas la faute du siècle en giflant quelqu’un qui a notre main dans sa bouche.
Cette transition doit être gérée en commun accord avec la CEDEAO et avec un civil à la tête pour deux raisons :
Primo, avec un militaire le Mali ne pourra pas faire face aux sanctions extérieures.
Secondo, un militaire à la tête d’une transition fera réveiller les démons des coups d’État en Afrique.
Dr Laya Amadou GUINDO, Maître-assistant, économiste, monétariste, institutionnaliste.