Ça peut paraître incroyable, mais c’est vrai. La légende de Samboucoumbafut vécue par les premiers habitants de Tambaféto, canton de Béteya et environ. C’est un fait historique. La légende de Sambou Sissoko dit Fatoumata Sambou appelé affectueusement Samboucoumba, a franchi nos frontières. En voici un phénomène extraordinaire qui illustre la richesse de notre patrimoine immatériel qu’on ne lira dans aucun livre d’histoire.
L’histoire est exceptionnelle et unique dans son genre, tout un mystère ! Elle eut pour théâtre Tambaféto, un village situé à 6km de Oualia, chef-lieu de commune dans le cercle de Bafoulabé, région de Kayes. Tambaféto se situe à près de 325km de Bamako.
Ici, l’ethnie dominante, ce sont les Malinké dont les activités principales sont entre autres : l’agriculture, l’élevage, la pêche, le petit commerce, le tourisme etc.
Les moyens de transport dans cette localité sont : le rail et la route.
Le rail est un symbole, pour ne pas dire un emblème pour la région de Kayes. Ce rail a fortement contribué à rendre cette légende fabuleuse et célèbre.
Tambaféto est arrosé par le fleuve Bakoye qui forme avec le fleuve Bafing, le fleuve Sénégal à Bafoulabé (lieu de jonction de deux fleuves).
Sambou avait une grosse tête. C’est pourquoi on l’appelait Samboucoumba, c’est- à-dire Sambou à la grosse tête. C’était son trait distinctif avecles autres.
En réalité, tout a commencé après son baptême de naissance quand sa maman Fatoumata est partie au fleuve Bakoye pour cueillir de l’eau. Son bébé Samboucoumba va tomber dans le fleuve. Elle revint à la maison sans lui. La triste nouvelle a fait le tour du village et ses environs. Ah ! Sambou est noyé. C’est la recherche de Sambou qui commença. Ellesera infructueuse. Les repêcheurs, parents et proches reviendront bredouilles, ni Sambou ni son corps n’a été retrouvé. Ils ont fait leur deuil, exécuté les aumônes.
La surprise fut grande quand huit jours après, sa mère Fatoumata revenue à nouveau pour cueillir de l’eau au même endroit, vit son fils Sambou assis sur un mamelon. Il lui dit : « Na, porte moi à califourchon dans ton dos ». L’émotion fut grande. L’incroyable Samboucoumba qui était porté disparu est revenu à la maison avec Fatoumata. La bonne nouvelle a été annoncée. Ah ! Samboucoumba a été retrouvé sain et sauf. C’est le début du mythe. Il prédisait et gagnait les combats étant sur place, puisqu’il dirigeait ses guerriers depuis Tambaféto. Il a été toujours brave pendant sa vie.
Son décès a coïncidé quelques années plus tard avec l’arrivée des colons blancs pour les travaux forcés, autrement dit, la pause du rail. Les travaux, dans la partie malienne partirent de Kayes via Mahina pour Dioumbéba, cette gare où Almamy Samory Touré a été embarqué dans le train puis Solinta avant d’arriver à Tambaféto. A mi-chemin sur le tronçon Solinta-Oualia, les travailleurs ont constaté que s’ils posent les rails pendant le jour, ils les retrouvent défaits le lendemain matin. Ils sont restés longtemps dans cette situation. Les ingénieurs des colons se sont interrogés sur la question.Finalement, ils se sont rendus au village de Tambaféto qui était situé à quelques centaines de mètres du lieu.
Ils s’imprégnèrent auprès des habitants de la situation du lieu. S’ils posent les rails le jour, pendant la nuit ils sont défaits et le lendemain matin on ne retrouve aucune trace de rail. Les vieux de Tambaféto ont mûrement penché sur la question. Ils ont découvert que l’endroit était le tombeau de Samboucoumba. Les blancs ont trouvé la solution à leur problème, en déviant la voie ferroviaire à cause de la tombe.
Dès lors, le lieu est devenu sacré.
De cette découverte à nos jours, la légende de Samboucoumba est devenue célèbre. Pour preuve, des couples qui n’ont pas d’enfants et désirent en avoir font le serment de baptiser leur futur enfant du nom de Samboucoumba s’ils venaient à l’avoir, se voient récompenser. Il en est de même de ceux qui se retrouvent embourbés dans un problème et qui invoquent Samboucoumba pour s’en sortir. A condition de tenir promesse après accomplissement de l’invocation, il faut tenir ses engagements. Il ne faut jamais jurer au nom de Samboucoumba sur du faux. Les sanctions sont immédiates. Le premier signe avant-coureur de ces sanctions, ce sont les maux de tête et il vous faut se dépêcher sur le site de la tombe à Tambaféto pour rectifier le tir. Autrement, c’est la mort qui va s’ensuivre.
Indifféremment, un homme comme une femme peut prendre le prénom de Sambou.
La plupart des prénoms Sambou sont des homonymes directs ou indirects de Samboucoumba.
Ainsi va légende.
Seydou Doumbia
Mali Sadio
