HUMANITAIRE : Echange de haut niveau entre les acteurs sur le concept du triple Nexus
Les acteurs humanitaires ont entamé le mercredi 13 novembre un atelier d’échange de haut niveau sur le concept du triple Nexus (humanitaire, développement, paix). Cet atelier de deux jours, organisé par la CN-CIEPA avec l’appui de l’ONG Action Contre la Faim s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme Right2Grow. Il a regroupé, d’une part, les premiers responsables des ONG nationales et internationales qui interviennent dans le domaine humanitaire et d’autre part des responsables des structures étatiques concernées avec en tête le Commissariat à la Sécurité Alimentaire.
Depuis quelques années, le Mali fait face à d’énormes défis exacerbés par une crise sécuritaire persistante, l’insécurité alimentaire, la dégradation des ressources naturelles, l’accès limité aux services sociaux de base, a souligné le directeur exécutif de la CN-CIEPA, Bouréma Tabalaba. Pour lui, ces difficultés ont des impacts profonds sur la vie d’une communauté notamment les plus vulnérables.
En effet, au Mali on estime à 1,4 million d’enfants âgés de 6 à 59 mois qui souffrent de malnutrition aiguë entre juin 2023 et mai 2024, dont 313 185 souffrants de cas sévères et 1,1 million de cas modérés, ajoute Mamadou Diarisso, chef du département Suivi Evaluation au Commissariat à la Sécurité Alimentaire. Additionnellement a ces enfants, poursuit M. Diarisso, près de 87 865 femmes enceintes et femmes allaitantes sont aussi touchées par la malnutrition aigüe. Et parmi les décès observés chaque année chez les enfants de moins de 5 ans au Mali, la malnutrition est associée à plus de 50%, soutient-il. Le chef de département, a aussi rappelé que les résultats de l’exercice du Cadre Harmonisé de novembre 2023 ont identifié 5 392 846 personnes en insécurité alimentaire (phase 2 à pire), parmi lesquelles 1 372 224 personnes vulnérables (phase 3 à pire) avaient un besoin d’assistance alimentaire d’urgence.
Pour sa part, Mamadou Diop, directeur pays de ACF et président du FONGIM, a souligné qu’en 2021, les besoins d’aide aux populations vulnérables au Mali se chiffraient à 563 millions de dollars. En 2024, continue M. Diop, les besoins ont augmenté et nous sommes autour de 720 millions de dollars. J’imagine que ce chiffre va augmenter en 2025, alerte l’humanitaire. Face à cette situation, il estime les acteurs doivent repenser leur approche qui est la même depuis plusieurs années. Pour lui, l’une des solutions est l’approche Nexus. « Nous savons que le pays a besoin d’une réponse d’urgence. Nous savons aussi que le pays a besoin aussi d’être résilient. Le pays a besoin de soutenir les actions de développement. Le pays doit être soutenu par des efforts de paix. C’est pourquoi le triple Nexus doit être un continuum. Nous devons commencer les réflexions ensemble et les terminer ensemble. Nous devons commencer la mise en œuvre de nos activités ensemble et nous devons la terminer ensemble », a indiqué le président du FONGIM.
L’approche Nexus a fait l’objet d’échange de haut niveau entre les acteurs humanitaires les 13 et 14 novembre dernier. Selon les explications de Bouréma Tabalaba, l’approche Nexus s’appuie sur une vision multisectorielle, multi acteur et multidimensionnelle intégrant l’humanitaire, le développement et la paix. A l’en croire, il s’agira au cours de ces échange d’explorer ensemble comment cette approche puisse être une stratégie pour résoudre les défis multidimensionnels qui touchent notre pays. « En travaillant conjointement avec les acteurs gouvernementaux, les organisations non gouvernementales et la société civile, nous pouvons renforcer la résilience du système alimentaire, améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement. Le programme Right2Grow soutenu par le ministère des Affaires étrangères des Pays Bas est un exemple remarquable dans ce sens », laisse entendre M. Tabalaba avec l’espoir que cet atelier puisse aboutir à une feuille de route claire pour la mise en œuvre efficace du Nexus Mali.
Yacouba Traoré