Sadibou Haïdara, directeur général de Déco Mali : Le Brésil est un partenaire sûr pour le développement économique du Mali
La tension diplomatique qui a éclaté entre les autorités actuelles du Mali et l’ancienne puissance coloniale a poussé le pays à s’orienter vers d’autres partenaires. De plus en plus, les opérateurs économiques maliens s’intéressent au Brésil. Sadibou Haïdara, directeur général de Déco Mali, fait partie de ces opérateurs. Il pense que ce pays est un partenaire sûr pour le développement économique du Mali.
Déco Mali est société de développement et de commerce. Cette société travaille avec des coopératives à Kita qui sont au nombre de 507 coopératives opérationnelles. Aujourd’hui, cette société s’affiche comme le visage de la coopération entre le Mali et le Brésil. La raison en est qu’elle a en perspective la réalisation de plusieurs projets en collaboration avec des opérateurs économiques brésiliens. A commencer par la culture du maïs hybride.
Selon le directeur général de Déco Mali, Sadibou Haïdara, 57 des 507 coopératives sont prêtes à cultiver le maïs hybride. « Le Brésil est bien avancé dans la culture de cette variété de maïs dont l’hectare fait 12 tonnes 400 kg. Le problème c’est qu’après la culture, nous avons peur de la commercialisation parce qu’il faut vendre l’excédent de la production. C’est pourquoi nous avons besoin de travailler avec les brésiliens. Ils pourraient nous aider à commercialiser ou à transformer le maïs en aliment volaille sur plus place » explique Sadibou Haïdara.
Déco Mali envisage également la création d’une usine de production du sucre au Mali en partenariat avec des brésiliens. « Déjà j’ai des partenaires brésiliens qui sont prêts à m’accompagner pour la création d’une usine de sucre derrière Toukoto dans la région de Kita. Cette usine aura une capacité de production de 160 000 tonnes de sucres par an, 24 000 m³ d’alcool, 60 000 megawatt d’électricité et va créer 500 emplois. Les termes de référence sont déjà prêts. Les partenaires brésiliens sont prêts à apporter les 80% du financement et nous devons apporter les 20%. Nous sommes en discussion avec l’Etat afin d’avoir en titre foncier les 48 000 hectares de terres qui seront utilisés pour la culture de la canne à sucre. Ce titre va nous servir de garantie auprès des banques pour obtenir les 20% restant du financement. Nous sommes également en discussion avec l’Etat pour avoir l’exonération des machines qui seront installées dans l’usine », détaille le DG Haïdara.
Aussi, la société Déco Mali mûrit un projet de riziculture avec ses partenaires brésiliens. Cette fois-ci dans la région de Diolila. A en croire le directeur général de la société, ce projet est bien avancé. « Nous avons déjà fait une étude de 2 000 hectares à Benkadi dans la région de Diolila pour la culture du riz. Tout est déjà fini, même l’étude de préfaisabilité. Actuellement, plus de 9 variétés de riz sont importées au Mali. Pourtant, nous avons des terres. Le Mali ne devrait plus importer le riz. Ce projet aussi est accompagné par les brésiliens. Imaginez le nombre d’emplois que ce projet peut créer. L’agriculture est vraiment un atout pour le Mali. Le pays est tellement bien arrosé, mais tout le monde pense à la mine. On doit faire des centres de formation agricole et inciter les jeunes à faire l’agrobusiness » martèle Sadibou Haïdara.
Et d’ajouter : « Après le Covid-19, les français ont retourné tout le monde contre le Mali en essayant de l’asphyxier. Le Brésil, la Chine et l’Inde sont des partenaires sur lesquels on peut compter. Nous savons que les autorités de la Transition ont la volonté. Mais, il faut qu’elles écoutent les opérateurs économiques. La situation sécuritaire s’améliore. Mais pour consolider l’acquis sécuritaire, il faut le développement économique ». Il a demandé aux autorités de la Transition d’aider davantage les opérateurs économiques à développer la coopération brésilienne qui, pour lui, est très bénéfique pour notre pays dans la mesure où les pays partagent beaucoup de choses en commun.
Entretien réalisé par Yacouba Traoré