AVANT PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION : L’eau, l’hygiène et l’assainissement nullement évoqués
La CN-CIEPA (Coalition nationale de la Campagne internationale pour l’Eau potable et l’Assainissement) a tiré la sonnette d’alarme ce vendredi 21 octobre 2022 à propos du projet de la nouvelle constitution en gestation dans notre pays. A travers une conférence de presse, l’organisation avec la collaboration de la MARE (Mission d’Appui à la Refondation) et l’université de Bamako à travers sa faculté de droit qui dispose désormais d’un master en eau et assainissement.
Dans son propos liminaire le président de la CN/CIEPA, Dounatié Dao, a marqué son étonnement et sa surprise de constater que nulle part dans le projet de nouvelle Constitution, on ne parle du droit à l’eau et à l’assainissement. Pour le président, cela est d’autant surprenant que depuis 2010, les Nations Unies consacrent l’eau et l’assainissement comme un droit humain. En outre dans toutes les tentatives ratées de révision et d’amendement, intégrer l’eau et l’assainissement dans la Constitution était presque acquis tant nul ne peut contester la justesse de cette requête. Le bon sens et les réalités des taux d’accès à l’eau et l’assainissement font de cette question, un élément fondamental de cette réforme majeure qui va régir la vie de notre nation pour les prochaines décennies à venir. Aujourd’hui dans notre pays 1/3 des populations soit 7 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2/3 n’ont pas accès à l’assainissement, soit plus de 14 millions de nos compatriotes, c’est énormes. Au regard de ces réalités, pour le président Dao, il est inconcevable que cette réforme majeure de la vie de la nation fasse l’impasse sur le secteur. En effet, l’introduction de cette disposition dans la nouvelle constitution va conférer d’énormes possibilités aux acteurs pour que l’eau et l’assainissement soient disponibles pour les populations de notre pays.
Pour sa part le représentant de l’université de Bamako a salué la promptitude de cette conférence de presse qui alerte sur la nécessité d’introduire cette disposition dans la constitution. Il a aussi rappelé les enjeux stratégiques liés à l’eau dans les années à venir. C’est pourquoi, dit-il, sa faculté a institué un master pour l’eau et l’assainissement pour former les futurs cadres du domaine.
Le représentant de la MARE, Dr. Bakary TRAORE, quant à lui, a expliqué la démarche de cette nouvelle constitution dont l’ancrage institutionnel est à la présidence de la République. Du coup, expliqué Dr. TRAORE, la MARE n’est pas très impliqué dans son processus dont le couronnement est un referendum constitutionnel. Pour lui, la question est tellement importante qu’elle aurait pu figurer dans le préambule mais aussi dans l’article 10 en insérant juste les mots eau et assainissement, dans la phrase où on fait allusion à la protection de l’environnement, la préoccupation est diluée.
En tout cas les responsables de la CN-CIEPA sont préoccupés par cette situation d’impasse qui pour eux est certainement un oubli, une omission qui sera très vite pris en charge par la commission. Car, imaginez un seul instant que tel ne soit pas le cas, ce serait une vraie catastrophe pour les prochaines années pour nos populations.
Youba KONATE