Face aux législateurs : le Premier ministre réaffirme le dialogue avec les groupes radicaux
Le Premier ministre, Moctar Ouane, a présenté le Plan d’Action gouvernemental de la feuille de route de transition aux membres du CNT ce vendredi 19 février à la faveur de la 3è session extraordinaire de l’institution. Face aux législateurs, il a réaffirmé la volonté du gouvernement de négocier avec les groupes radicaux.
Le Plan d’Action gouvernemental (PAG), présenté par le Premier ministre, comporte 6 axes déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs. Au niveau de l’axe 5 du document, consacré à l’adoption d’un pacte de stabilité sociale, le Premier ministre précise que l’une des priorités de son équipe est de « relancer le dialogue avec les groupes radicaux maliens ».
Selon le chef du gouvernement, de plus en plus de voix au Mali s’élèvent, depuis 2017, pour appeler au dialogue avec « nos frères qui ont rejoint les groupes radicaux ». Il s’agit, cite Moctar Ouane, d’une demande maintes fois exprimée, à l’occasion de la Conférence d’entente nationale (2017), du dialogue national inclusif (2019) et plus récemment lors des journées de concertation nationale (2020). « Si un consensus s’est dessiné autour de la nécessité d’engager le dialogue avec les groupes radicaux maliens, il est important que ce processus soit appréhendé également comme une opportunité d’engager de vastes discussions avec nos populations, urbaines et rurales, pour redéfinir de façon collective les contours – nouveaux – de la gouvernance », a-t-il souligné.
Toutefois, le Premier ministre a indiqué que le dialogue n’est pas une solution exclusive, mais plutôt un moyen supplémentaire de ramener dans le giron de la République, ceux qui l’ont quitté, souvent pour des raisons existentielles éloignées d’un quelconque fanatisme. Pour concrétiser ce dialogue, le Gouvernement entend organiser des missions de bons offices et élaborer une stratégie de dialogue et de déradicalisation.
Si le dialogue avec les groupes radicaux est une des aspirations du peuple malien et l’un des voies incontournables pour aboutir à la paix, cela risque de porter un coup aux relations entre le Mali et certains de ses partenaires. En effet, la France, principal partenaire sécuritaire du Mali en particulier et du Sahel en général, s’est toujours opposée à un quelconque dialogue avec les groupes radicaux djihadistes. Le Président français, Emmanuel Macron, a même réaffirmé cela lors du dernier sommet du G5-Sahel tenu à N’Djamena au Tchad. L’on se rappel qu’à la suite de la Conférence d’entente nationale de 2017, une mission de bons offices avait été mise en place pour dialoguer avec les groupes radicaux. Dirigé par l’Imam Mahmoud Dicko, cette mission a été vite tuée dans l’œuf pour des raisons encore méconnues de l’opinion publique.
Alors, pour la réussite de cette mission, la population qui se plaint de la présence des forces étrangères doit soutenir le Premier ministre et son gouvernement dans cette entreprise pour que le vent de la paix puisse souffler à nouveau sur notre pays.
Yacouba Traoré