LE PARDON
Pardonnez-moi pour tout le mal
Produit aux seuls bruits de mon nom
Car l’homme d’une part animal
Le bruit de mon nom peut susciter de mauvais renom
Pardonnez-moi pour les maux que j’ignore
Et qui continuent de nourrir la haine à mon égard
Car l’homme, de part ses allures, n’est qu’une machine à nuire
La haine, aveugle qu’elle est, peut aller au-delà du simple brouillard
Pardonnez-moi pour mes simples coups de fil
Des appels peuvent être dérangeants
Car il y’a des propos après appel, incivils et contrefils
Pour les dérangements, seul le pardon peut les rendre non alarmants
Pardonnez-moi pour la dernière fois où vous m’avez vu
Voir quelqu’un va au-delà du simple regard
Car l’image d’une personne peut être plus immense que le lac Kivu
Prenons garde entre nous aux regards hagards
Pardonnez-moi pour mon existence
L’existence en temps qu’être humain
Car l’homme tire dans l’erreur son appartenance
Cette existence, Dieu peut me le reprendre aujourd’hui ou demain
Pardonnez-moi pour mes défauts et mes qualités
Des qualités qui ne vont sans rivalités
Car la rivalité est loin de la haine; tant s’en faut
Mais entre rivaux on est point à l’abri du chaud et du froid
Pardonnez-moi pour mes torts
Il n’est pas facile de garder toujours son sang-froid
Car faible qu’il est, l’homme imagine sa vie pleine de remords
Des fois, on ne peut rien contre ses nervosités
Pardonnez-moi, en fait je suis plein d’absurdité
Car n’ayant pas votre pardon, je ne me le pardonnerai point
Et contre moi, je serai farouche tel un Diodon
A mon absence, mon nom serait Tartempion
Pardonnez-moi et pardonnez-vous
Il n’est pas toujours facile de pardonner, alors incarnez vous en
Car le pardon mérite un vrai sacrifice comme se mettre sous les verrous
Part le temps, seul le pardon peut maintenir la paix entre Maliens
Pardonner moi pour avoir aimer ce pays
Le patriotisme que je prouve ne va sans peine
Car s’il s’agit de mon Mali, sourd et aveugle je serais,
Et de même farouche tel une abeille
Prêt à défendre sa ruche contre toute mauvaise personne
Pardonnez-moi pour mes débats
Des débats qui ne fonctionnent sans oppositions
Car un débatteur parle plus qu’un Djeliba
Le débat est une opposition pure et farouche pleine d’agression
Pardonnez-moi pour ma pensée religieuse
Au cœur de l’amour des prophètes
Car s’il s’agit des mots sortis du Coran, je reste sérieux
En fait les versets coraniques ne sont point celui d’un poète
Pardonnez-moi pour ma passion
Les passions font bien partie de nous
Car notre vie est entièrement envahie par des passions en une large dimension
Les passions rendent sans doute nos pensées floues
Pardonnez-moi pour tous les malentendus
Des mésententes parfois charnelles
Car l’acte humain reste confus et tendu
Aux malentendus, un oubli et un pardon seront fraternels
Pardonnez-moi pour avoir m’intéresser à la poésie
Une discipline que je n’ai jamais rencontrée sur les bancs
Car je crains, pour la poésie, de ne pas être un facteur de paralysie
Aux vrais poètes j’aurais voulu jouer au nègre-blanc
Pardonnez-moi pour avoir aimé une parmi les filles
Belles qu’elles sont; des temps elles tourbillonnent nos esprits
Car celle que j’aime peut être aimée par mille
La faute dans tout cela vient de mon cœur qui fait de moi un homme assombri
Pardonnez-moi oh jeunes filles de mon époque
Chez vous où l’amour n’est pas partagé
Car on ne peut exister sans être un sujet polémique
Un pardon de votre part nous facilitera une relation de brassage
Pardonnez-moi et pardonnez-vous mutuellement
L’urgence familiale va de mal en pie
Car sans pardon les ruptures s’élargiront tel le lac Ilmen
Accroupis, demandez-vous pardon afin d’obtenir une haine assoupie
Pardonnez-vous oh enfants de mon pays
De Kayes à Kidal en passant par Tombouctou
Car est bien stable un pays qui vit sans carnages ni batailles
Un pays plein de pardons considérant les armes comme tabou
Pardonnez-vous une fois de plus oh hommes sur terre
Après avoir dérouté les animaux, nos armes se retournent contre nous même
Car sophistiquées qu’elles sont; les armes de nos jours ne sont conçues que pour déchirer les cœurs
Seul le pardon est capable de faire taire les armes
Pardonnez-vous oh enfants d’Adam
Si et seulement si on pouvait mettre fin aux haines…
Car l’attaque de Gao est le fruit de la haine et du terrorisme
Le 18 janvier à Gao n’a laissé couler que du sang et des larmes
Pardonnez-vous mille fois de plus, voir plus encore
Le brassage chromosomique fait de nous des êtres à caractères
Car c’est bien une rébellion, le terrorisme auquel on ne veut négocier un accord
Ces derniers; hommes qu’ils sont, ne sont pas à l’abri des erreurs
Pardonnez-moi et pardonnez à tous
Ne tombez point dans la haine et la transgression
Car le pardon est délicieux tel le Vesou
Qui une fois consommé ne produira qu’affection
Pardonnez en vu d’obtenir d’une vie meilleure
Essayez même si cela semble impossible
Car le pardon est beau comme une plante pleine de fleurs
Allah est pardonneur et nous exhorte à pardonner car cela est bien conciliable
Je rêve du pardon et de l’attente
Je rêve d’enterrer toutes ces mésententes
Je rêve de voir finir toutes ces guerres qui nous tourmentent
Je rêve d’une population Malienne intelligente et non-violente.
Amadou Kanfo
Biographie : Fils de polyglottes, Amadou Kanfo est né le 22 février 1993 à Sokolo, un village situé dans le cercle de Niono au Mali. Suite aux nombreuses mutations de son père, il fit ses études primaires dans plusieurs localités différentes. Il fréquenta le lycée Hammadoun Dicko de Sévaré d’où il choisit la série Science Exacte (S.E). Après avoir obtenu son baccalauréat, il entra à la Faculté des Sciences et Techniques (F.S.T) de Bamako en 2013. Il y sortit avec une licence en mathématiques et se plongea dans le monde de l’enseignement (niveau secondaire).
Parallèlement à ce beau parcours scientifique, Amadou entama une carrière littéraire riche en production de textes poétiques et de nouvelles. Cela est dû à l’encouragement de son jeune frère Modibo Kanfo qui est vivement passionné de l’écriture.
Amadou est publié dans une anthologie de poésie intitulée ‘’Ma patrie, ma vie’’ parue chez Innov édition en 2017. Actuellement il a beaucoup de manuscrits à son compte et est membre du mouvement Les Jeunes Esprits de la Littérature Malienne – JELMA, qui regroupe les jeunes écrivains du Mali.