Assemblée nationale
Les ministres Ag Erlaf et Tiérno à la barre
Durant plus d’une heure d’horloge, hier mardi 6 février 2018, les ministres de l’Administration territoriale Mohamed Ag Erlaf et des Affaires religieuses et du culte Tiérno Amadou Hass Diallo ont été cuisinés par les deux députés (Ahamada Soukouna élu à Yélimané) et Bouréma Dicko (élu à Baraouéli). Le troisième ministre interpellé, Nango Dembélé a fait faux bond. Il est en déplacement à l’extérieur du pays, selon la ministre chargée des relations avec les institutions Raky Talla.
Prévue pour 10 heures, la séance plénière a démarré comme d’habitude dans la salle Modibo Keita avec près d’heure de retard. Aussi, plus de la moitié des députés étaient absents pour cette audience. Quatre points étaient inscrits à l’ordre du jour. Adoption de procès-verbal ; questions orales adressées aux ministres de l’Administration territoriale, et des Affaires religieuses et du culte par respectivement Ahamada Soukouna député élu à Yélimané et Bouréma Dicko élu à Baraouéli ; les délibérations sur les projets de loi suivants : dépôt N°2017-54/5L: projet de loi portant modification de la loi N°2011-036 du 15 juillet 2011 relative aux ressources fiscales des communes, des cercles et des régions et dépôt N°2017-75/5L : projet de loi portant Code des pensions des fonctionnaires, des militaires et des parlementaires ; et les communications.
Si les délibérations sur les projets de loi ont été renvoyées à la demande de la commission du travail, de l’emploi, de la promotion de la femme, de la jeunesse, des sports et de la protection de l’enfant ; et de la commission de l’administration territoriale ; les questions orales se sont bien déroulées. Les ministres interpellés tant bien que mal ont tenté d’apporter, sans convaincre ni les députés encore moins le public, des réponses aux questions.
Ainsi, sur la très longue liste de questions de l’honorable Ahamada Soukouna, on peut résumer à l’incivisme fiscal à Yélimané. Le ministre Ag Erlaf a insisté’’ force doit rester à la loi’’, mais que le ministère de l’administration ne peut s s’auto saisir. Les collectivités collectent et gèrent les impôts et taxes, a précisé le ministre. Selon Ag Erlaf, Yélimané est un cas d’école aujourd’hui. En effet, après les maires ça sera le tour des députés puis ils vont envahir la salle du conseil des ministres pour demander de partir, a prévenu le ministre interpellé. Il reconnait les insuffisances de la jeune démocratie malienne, mais a appelé les partis politiques à jouer pleinement leur rôle de sensibilisation politique de leurs militants et sympathisants.
« Yélimané est un cas d’école, ne dites pas aux populations de voter moi qu’elles ne payeront pas d’impôts », a-t-il conseillé.
Dans sa réplique, l’honorable Ahamada Soukouna a déclaré qu’il savait que le ministre n’allait pas répondre à ses questions. Toutefois, l’élu national a tiré l’attention du ministre sur le danger que guette la paix sociale dans la circonscription électorale de Yélimané.
Le second ministre à la barre de l’Assemblée nationale était Tiérno Amadou Hass Diallo des Affaires religieuses et du culte sur interpellation de Bouréma Dicko député élu à Baraouéli. Pour la circonstance habillé en El Hadj, l’honorable Dicko demandait le bilan du Hadj 2017 ; les raisons de la récurrence des désagréments ; la révocation du chef de cabinet au lieu de pèlerinage…
Le pédant ministre a balayé d’un revers de main les questions du député. «Je suis en mission et j’attends des résultats…j’assume ma responsabilité », ainsi a-t-il répondu à la question relative au limogeage de son chef de cabinet qui était en déplacement à la Mecque.
Sur les 13 300 pèlerins en 2017, selon le ministre seul 10% étaient de la filière gouvernementale. « Mon département est jeune, mais ce n’est pas de l’amateurisme que nous faisons. Le gouvernement saoudien ne reconnait pas la filière privée. C’est l’État du Mali qu’il connait… », a commenté le ministre Diallo. Aussi, a-t-il expliqué des milliers de gens venus de la campagne qui n’ont jamais vu une voiture, montés dans l’avion et débarquent à la Mecque où il y a 3 millions de personnes. Imaginez. Ils ne connaissent pas l’accesseur, les toilettes modernes. Selon le ministre, le gouvernement saoudien a adressé une lettre de félicitations au gouvernement malien pour le bon déroulement du Hadj 2017.
En réaction, le député a évoqué les nombreuses factures impayées du Hadj, le manque d’encadrement des pèlerins maliens et surtout le dépouillement total de certains pèlerins à la maison du Hadj.
Les deux jeunes (ministre et député) ont convenu de se rencontrer la commission pour se donner plus d’informations documents à l’appui, loin des regards des caméras.
H.T.
Le Hogon