HADI SHEBLI, AMBASSADEUR DE PALESTINE AU MALI : « Il faut stopper le génocide en Palestine »
La Palestine est sous le feu des bombardements de l’armée israélienne depuis plus d’un mois. Le mercredi 1er novembre, devant des ambassadeurs africains qui lui ont rendu une visite de solidarité, l’ambassadeur de l’Etat de Palestine au Mali, S.E.M. Hadi Shebli, a qualifié l’intervention israélienne en Palestine de génocide et a appelé à son arrêt immédiat.
Après 75 ans d’occupation du territoire palestinien par l’Israël, la branche armée du Hamas, une organisation politico-militaire de résistance palestinienne, a réussi une incursion inédite sur le territoire israélien le 7 octobre dernier. Le commando du Hamas a ainsi pris par surprise l’Etat hébreu et a contredit tous les pronostics. A la suite de son opération éclaire, le Hamas a fait plus de cent otages israéliens et étrangers. En réaction, l’Israël a fait plus que du coup pour coup. Il est allé au-delà des incursions qu’il effectuait fréquemment sur le territoire palestinien. Dès les heures qui ont suivies l’attaque du Hamas, l’armée israélienne, le tshal, a répliqué de façon disproportionnée. En effet, après avoir pris en chasse les éléments du Hamas sur le territoire israélien, le tshal a procédé par le bombardement systématique du territoire palestinien avec un accent sur la bande de Gaza. Pratiquement, rien n’échappe à la colère de l’Etat hébreu qui bombarde des cibles militaires et civils. Des hôpitaux, des écoles, des mosquées, des églises ou des simples habitations ont été victimes de pluies de bombes du tshal. En conséquence, des milliers de civils palestiniens dont des enfants ont péri sous la pluie de bombes.
Face à cette situation sombre de l’histoire de l’Etat de Palestine déjà meurtri par l’éparpillement de son peuple, le groupement des ambassadeurs africains accrédités au Mali et leurs homologues du Maghreb ont rendu visite à l’ambassadeur de l’Etat de Palestine au Mali, Hadi Shebli, ce mercredi 1er novembre. Pour lui exprimer la solidarité de leurs pays respectifs. Très ému par la visite de ses homologues, S.E.M. Hadi Shebli a qualifié l’intervention militaire israélienne sur le territoire palestinien de génocide et a appelé la communauté internationale à agir pour l’arrêt de cette intervention.
« La communauté internationale doit arrêter sa politique de deux poids deux mesures. Après 75 ans d’oppression, les Palestiniens méritent d’obtenir leur droit légitime par la création de leur Etat indépendant. J’ai vécu à Gaza et à Cisjordanie. Mais, je ne sais pas combien d’amis il me reste dans la bande de Gaza. Je ne sais pas combien de voisins, ni combien de collègues j’y est perdu. Encore non plus, j’ignore combien de proches j’ai perdu dans le génocide qui se passe à Gaza. Parce que tout simplement je n’ai pas pu les contacter. L’Israël ne s’est pas limité à la coupure des télécommunications et de l’internet à Gaza, il a coupé tout contact avec le territoire palestinien tôt ce matin du 1er novembre.
Depuis le début du bombardement du territoire palestinien par l’Israël, qui a vu les images des militaires ou des résistants palestiniens tués ? Ce sont les images des civils tués que nous voyons à longueur de journée. Ceux qui justifient le bombardement du territoire palestinien par les événements du 7 octobre ignorent peut-être l’histoire qui n’a pas commencé le 7 octobre. Elle a commencé le jour où la Grande Bretagne s’est permise de donner un terrain à un peuple qui n’a aucune relation avec ce terrain et faire expulser les Palestiniens de leurs terres. Cette guerre est la quatrième menée contre une surface de 360 km avec 2,3 millions d’habitants. Même si vous enfermez un chat dans une maison et que vous le frappez jour et nuit, il va réagir. La population a réagi parce qu’elle a vu l’ampleur des crimes commis en Cisjordanie, la judaïsation de la ville sainte de Jérusalem ainsi que le blocus sur la bande de Gaza. D’ailleurs, beaucoup de diplomates reconnaissent que Gaza est une prison à ciel ouvert. Même s’il n’y avait pas eu l’attaque du 7 octobre, plusieurs états occidentaux ont révélé que l’Israël avait le plan de transférer tous les habitants de la bande de Gaza dans le Sinaï en Egypt.
Israël utilise 6 à 7 bombes qui pèsent chacune une tonne contre des quartiers qui ne dépassent pas 500 mètres pour tuer 400 civils en moins de 30 secondes. Il faut que cela s’arrête. Cependant, même si Israël bombardait la bande de Gaza avec tout ce qu’il a comme arme, les Palestiniens ne vont plus jamais quitter leur territoire. Ils préfèrent mourir là où ils sont que de quitter leur territoire. On ne peut pas se permettre un deuxième nakba.
Il y a l’espoir que l’oppression ne va pas durer. Il y a des gens qui sont concernés par la situation en Palestine et qui sont de tous les cœurs avec le peuple palestinien. L’oppression doit cesser non seulement en Palestine, mais aussi dans tous les pays du monde. Celui qui exerce cette oppression et qui prétend être le défenseur du droit international et du droit international humanitaire et qui appelle chaque jour à respecter les résolutions des Nations unies a dévoilé son vrai visage aujourd’hui. Je demande aux pays occidentaux de mettre fin à leur politique de deux poids deux mesures et d’écouter leurs peuples qui demandent dans leur majorité l’arrêt des crimes de guerre en Palestine et de trouver une solution pour la population qui souffre », fulmine l’ambassadeur palestinien face à ses pairs.
Pour sa part, l’ambassadeur algérien à Bamako a renforcé les dires de Hadi Shebli. Pour lui, les Palestiniens ne sont pas des terroristes. Ce sont des combattants, dit-il. C’est un génocide qui se passe sous nos yeux en Palestine, dénonce l’ambassadeur. Il se dit convaincu que le peuple palestinien ne reculera pas quel que soit l’horreur avant d’exprimer la solidarité du peuple algérien à la cause palestinienne.
Selon cet autre ambassadeur qui a parlé au nom du groupement des ambassadeurs africains accrédités au Mali, l’ONU a adopté une résolution sur la situation palestinienne le 26 octobre dernier. A ses dires, cette résolution qui a obtenu la voix de 114 pays demandait le cessez le feu et le respect du droit international. Force est de constater que l’Israël continue ses interventions sur le sol palestinien malgré l’adoption de cette résolution comme pour dire qu’il n’a rien à faire de cette décision de l’instance mondiale qui évoque de possible crime de guerre et de génocide commis par le tshal.
Yacouba Traoré