Mamadou Togola, Coordinateur du Mouvement IBK Kanu : « Nous demandons à tous les Maliens de pardonner le défunt Président IBK »
Une année et quatre mois après la chute de son régime par un soulèvement populaire, parachevé par un coup d’État militaire le 18 août 2020, Ibrahim Boubacar Keita a rendu l’âme le dimanche 16 janvier 2022 à son domicile à l’âge de 76 ans. A cette occasion, nous avons sollicité une interview auprès de Mamadou Togola, coordinateur du mouvement IBK Kanou qui avait soutenu la candidature du défunt Président IBK lors de son deuxième mandat. Il a demandé aux Maliens de pardonner IBK pour le repos de son âme et a réitéré le soutien de son Mouvement à la Transition. Lisez plutôt !
Leveilinfo.net : Quel sentiment vous anime après le décès de l’ex Président Ibrahim Boubacar Keita, au nom duquel vous aviez créé votre mouvement ?
Mamadou Togola : La mort est la fin de toute chose. Personne ne serait épargné de cela. IBK a gouverné ce pays pendant 7 années. Durant son régime il a pu réaliser plein de chose, mais beaucoup de choses restaient à faire. Il a aussi échoué sur certains plans. Mettons tout cela dans la grâce d’Allah. Le Mali est un pays de pardon et de solidarité. Quelqu’en soit le problème les maliens peuvent y remédier. La preuve, ceux qui étaient contre le Président Ibrahim Boubacar Keita sont aujourd’hui venus présenter leurs condoléances à la famille. C’est pourquoi, nous demandons à tous les Maliens de pardonner le défunt Président Ibrahim Boubacar Keita afin que son âme repose en paix.
Leveilinfo.net : Vous avez joué un rôle très important dans la réélection d’IBK en 2018. Aujourd’hui, que dites-vous à ceux qui ont précipité la chute du régime d’IBK ?
Mamadou Togola : Même le prophète à son temps n’était pas aimé par tous a fortiori le président d’un pays. Si nous savions qu’IBK allait finir son deuxième mandat de cette façon, nous n’allions pas soutenir sa candidature. Aujourd’hui, beaucoup ont regretté de s’opposer à lui lorsqu’il était au pouvoir. L’un des défauts des Maliens c’est de s’opposer à quelqu’un sans chercher à comprendre la réalité, l’intention de la personne. Les Maliens doivent mettre ces comportements de côté et mettre le Mali au au-dessus de tout. Œuvrons pour la paix, le vivre-ensemble et la cohésion sociale entre les maliens. S’il n’ya pas d’entente entre nous Maliens, nous ne réussirons jamais à réaliser le meilleur pour le pays. C’est exactement à ces mêmes problèmes que la Transition est aujourd’hui confrontée. Parce que les Maliens ne s’écoutent pas. Cependant, il est impératif pour les Maliens de s’unir et de soutenir les autorités vu l’emprise dans laquelle se trouve le pays. En son temps, le Premier ministre Choguel Kokala Maiga avait dit beaucoup de choses au régime d’IBK. Mais puisqu’il est au pouvoir aujourd’hui, il est primordial que nous le soutenions afin de sortir le Mali de cette crise. Bien avant la chute d’IBK et sa mort, nous n’avons jamais méprisé quelqu’un parce qu’il est opposant. Car le défunt Président nous a toujours conseillé de mettre l’intérêt du Mali au au-dessus de tout. Celui qui touchait le Mali, touchait IBK. Cela prouve son amour inconditionnel pour le pays. Mais si Dieu a décidé de mettre fin à son pouvoir ainsi, personne ne peut changer son destin. « Nul n’est parfait ».
Leveilinfo.net : L’objectif de votre mouvement était de soutenir le Président IBK. Quel serait le nouveau objectif du mouvement après la chute et le décès d’IBK ?
Mamadou Togola : En filigrane, notre vision est de soutenir le Mali, mais à travers IBK. Parce que comme tout être humain, nous savions qu’IBK allait mourir un jour. D’ailleurs, d’autres Présidents comme Modibo Keita, Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré ont vécu et dirigé le Mali avant lui. Seul le pays demeure. Nous n’avons pas soutenu IBK à cause de sa personne, mais pour son amour pour le pays. De ce fait, renoncer à notre soutien aux autorités après le décès d’IBK serait indigne de notre part et vis-à-vis de notre devoir pour la patrie. Ainsi pour vous dire, nous sommes prêts à soutenir tout ce qui va dans l’intérêt du pays, pour promouvoir le développement et la paix dans le Mali.
Leveilinfo.net : Que pensez-vous de la gestion des autorités de la Transition ?
Mamadou Togola : Comme on le dit, c’est l’union qui fait la force. Assimi Goita seul ne peut pas sortir ce pays de la crise sans les autres. Il a besoin du soutien total de tous les fils et de toutes les filles du pays. Le Président Assimi a lui-même dit aux jeunes que s’il échoue c’est toute la jeunesse malienne qui aura échoué. Donc nous n’avons pas droit à l’erreur. IBK a été contraint à la démission à la suite de plusieurs difficultés rencontrées dans l’organisation des élections. Pour éviter de telle situation dans l’avenir, les Maliens ont l’obligation de soutenir la Transition pour pouvoir organiser des élections crédibles et transparentes. Autrement dit, l’échec de la transition serait considéré comme l’œuvre de tous les Maliens. En plus, il faut comprendre qu’avec les militaires, il très probable de recouvrir plus rapidement le reste du territoire occupé par les terroristes et les bandits armés.
Leveilinfo.net : Est-ce que, selon vous, tenir un bras de fer avec la CEDEAO est la solution face aux sanctions ?
Mamadou Togola : Le Président de la Transition, Assimi Goita, a toujours dit que ses portes sont ouvertes au dialogue avec la CEDEAO. Le problème c’est les maliens eux-mêmes qui sont souvent absurdes et rendent les choses plus compliquées. Le President Assimi a lui-même affirmé que des coups d’État répétitifs n’aspirent pas du bonheur pour le pays. Cela détruit le pays. En plus, les sanctions de la CEDEAO n’ont pas commencé par le Mali. Étant membre fondateur de la CEDEAO, lorsqu’Amadou Toumani Touré était au pouvoir et assurait la présidence de la CEDEAO, le Mali avait participé aux sanctions de la CEDEAO d’autres pays notamment la Serra Léone, le Libéria. Donc comprenons que la CEDEAO n’est pas notre ennemi. Mais, si aujourd’hui beaucoup de Maliens se révoltent contre la CEDEAO, c’est à cause de la lutte contre le terrorisme. A mon avis, le chronogramme de 5 ans proposé par la transition est une base de négociation. Il appartient à la CEDEAO de faire des propositions. Par conséquent, les sanctions prises ne sont pas contre le Président, mais contre tout le peuple. Face à de telles sanctions, les Maliens doivent s’unir aux côtés des autorités pour sortir le pays de la crise. Depuis 2012, le pays est dans cette crise. La vie devient de plus en plus chère, le taux du chômage des jeunes augmente. Souvent le peuple accuse les autorités sur du faux, alors que c’est le peuple lui-même qui manque de civisme et ne joue pas son rôle. Nous sommes tous touchés par les sanctions de la CEDEAO. Nous demandons aux autorités d’élaborer un chronogramme convenable qui nous permettra de sortir de ces sanctions. Ceux qui croient qu’on n’a pas besoin de la CEDEAO aujourd’hui, ne savent pas qu’ils sont en train de commettre une grave erreur. J’appelle tous les maliens à l’union sacrée. Nous espérons que les autorités et la CEDEAO se mettent d’accord sur un chronogramme pour mettre fin à cette crise. Ces militaires peuvent faire ce qu’un Président démocratiquement élu n’arriverait pas à réaliser, notamment la sécurité et le retour de la paix.
Leveilinfo.net : Les funérailles du président Ibrahim Boubacar Keita vont-elles se tenir à l’absence de son fils Karim Keita ?
Mamadou Togola : Il est difficile de se prononcer sur le cas de Karim Keita, au risque de ne pas se faire interpréter autrement. Mais il faut reconnaitre que Karim est un malien comme nous. C’est peut être ça son destin que les funérailles de son père se fassent à son absence. Néanmoins, je demande à tous les maliens de lui pardonner s’il a eu à faire du mal. Donnons lui du temps. S’il est coupable ou pas de ce qu’on l’accusé, la justice tranchera. Quoi qu’il en soit, je réaffirme qu’il a mon soutien pour toujours.
En somme accompagnons les autorités de Transition pour la sécurisation du pays et pour pouvoir organiser des élections transparentes et crédibles.
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