PRÉSIDENTIELLE DE JUILLET 2018 : IBK et ses soutiens partiels malgré son statut de président sortant (Edito)
Le président sortant Ibrahim Boubacar Kéita, probable candidat à sa propre succession, fait face à une équation à plusieurs inconnues que même l’un plus des grands mathématiciens en la personne de Dr. Aboubacrine Assadek Ag Hamahady a du mal à résoudre. Si certains n’ont pas attendu midi à quatorze heures pour s’offrir à lui de façon totale et sans ambages comme la nuit qui cède totalement la place au jour, d’autres estiment le contraire à travers des soutiens partiels.
Parmi ceux-ci, on note les Associations pour le Mali (APM) de l’ancien ministre Mohamed Aly Bathily, l’Adéma/PASJ, le PDES de l’ancien président Amadou Toumani Touré (malheureux parce que son héritage aura été dilapidé par certains de ses héritiers), la Codem d’Housseyni Amion Guindo dit Poulo.
Après plus d’un an de bataille, l’engagement, la détermination et la clairvoyance politique du bureau national de la Codem auront eu raison de Hadi Niangadou qui ne devra son salut qu’à son retrait pour créer le Mouvement pour le Mali (MPM). Et, le président de la Codem, Poulo, n’entend pas se laisser faire. Mieux, il compte laver l’affront par tous les moyens en toile de fond, l’implantation du parti.
Sans présenter un candidat à l’interne conformément à une de leurs conférences nationales, des barons de l’Adéma/PASJ ont décidé de soutenir à IBK. Ces barons de l’Adéma, même s’ils n’ont pas raison aux yeux de certains Maliens, ils ont leur raison que la raison elle-même ignore.
Cependant, qu’il pleuve ou qu’il neige, Adéma Dra, à l’image de Kalfa Sanogo, est décidé à en découdre avec les barons du parti de l’Abeille solitaire, qui n’ont pas cherché midi à quatorze heures pour s’offrir au « Kankélétigui » qui a mille et une versions pour le développement du Mali, pourvu que ce développement soit rendez-vous.
Mohamed Aly Bathily, on peut ne pas l’aimer, mais force est de reconnaître que c’est un homme qui aura su mobiliser les forces autour de sa personne dans le pays profond.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le président IBK aura manqué le leadership nécessaire de rallier toutes ces forces autour de son éventuelle candidature, malgré son atout de taille : son statut de président sortant.
Au regard de tous ces soutiens partiels et négociés à partir de dures épreuves, il y a quelque chose qui ne dit pas son nom : le malaise sur les plans socioéconomique et politique. Bref, un malaise multidimensionnel, qui cache bien de désarroi et d’amertume.
Le hic, c’est que les soutiens tous azimuts autour de son éventuelle candidature manquent de quelque chose de crucial à ses yeux : « Le jama koulou sanouyalé (ou regroupement sain) ». Il en est convaincu même s’il ne le dit pas.
Comme si tout cela ne suffisait pas, de l’autre côté de l’océan, le même IBK est désigné comme obstacle à la sortie de crise, malgré le déblocage des centaines de millions d’euros. Là-bas, on jure la main sur le cœur qu’il faut un nouveau leadership confirmé pour faire bouger les lignes ici. Or, de l’autre côté de l’océan, ils ne sont pas étrangers à tout ce qui se passe chez nous.
Que dire de la désapprobation des leaders religieux dont certains l’attendent de pied ferme comme une mère prête à l’assaut pour affronter la sorcière qui lui a enlevé l’enfant issu de ses entrailles ?
Par ailleurs, ce manque de leadership est également perçu à d’autres niveaux : en témoigne le départ de certains alliés comme le Cnid de Mountaga Tall qui n’hésite à aucun moment de lui répondre coup pour coup, l’ADP/Maliba, Mamadou Igor Diarra, Modibo Koné du Mouvement Mali Kanu (MMK), Moussa Sinko Coulibaly du Mouvement populaire dénommé « Plateforme pour le changement », Moussa Mara de Yéléma, le charismatique Oumar Mariko de Sadi, Yeah Samaké du PACP. La liste n’est pas exhaustive.
Lanfia Sinaba, journaliste-écrivain